C’est devenu une habitude de la part de nos médias nationaux : relater à charge les argumentaires qui ne collent pas au narratif officiel pour mieux disculper les approximations du camp du tout-vaccinal.
RTL n’y a donc encore une fois pas dérogé qui, dans son article du 29 janvier, accuse le Professeur Christian Perronne ni plus ni moins d’intox, citations gouvernementales et check AFP à l’appui (ou pas, d’ailleurs). Mais ce semblant de sérieux ne peut occulter plus longtemps les biais que cette approche comporte et la manipulation qui les sous-tend.
Le premier d’entre eux, qui entache la quasi-totalité des médias actuellement ainsi que nos élus, consiste à considérer a priori qu’une personne qui ne reprend pas le narratif dominant, telle que le Professeur Christian Perronne, ne fait pas partie de la communauté scientifique et émet donc des avis qui peuvent être ignorés, voire dénigrés, par quiconque serait simplement prêt à dire le contraire.
Or, avec plus de 300 publications à son actif et une expérience qui l’a conduit à assumer la présidence de nombre de comités au niveau national et international, le Professeur Christian Perronne devrait avoir toute sa place dans le débat scientifique, lui qui par ailleurs semble avoir pour seul défaut quelque chose sur lequel aucun de ses détracteurs ne semble s’étendre : son absence de liens d’intérêts (voir plus bas).
Pire : pour quiconque prend la peine de se documenter, le Professeur Perronne est loin d’être le seul membre de la communauté scientifique à émettre des doutes sur les stratégies de santé occidentales et les vaccins eux-mêmes.
Difficile donc, pour le lecteur averti, de voir dans cet article autre chose que l’expression malhonnête d’un biais cognitif collectif, lequel se trouve par ailleurs exposé ouvertement à travers cet aveu direct de M. Fernand Etgen, président de la Chambre du Luxembourg, sur le fait que la Chambre “refusait l’idée de se faire informer par eux”.
Les psychologues identifieront dans cette citation l’expression d’un biais de confirmation.
Car lorsqu’une information peut devenir dérangeante pour une croyance ancrée, la psychologie décrit en effet tout un ensemble de stratégies que tout individu (y compris l’auteur de ces lignes) peut mettre en œuvre pour maintenir une dissociation cognitive, c’est à dire pour maintenir sa croyance en dépit de la réalité – ou en tout cas de ce qu’un interlocuteur peut vouloir en dire.
Des biais patents
Ainsi, si l’on écarte les qualifications contemporaines sans nuances et sans autre forme de procès de “complotiste” ou “d’antivax” qui n’aident certainement pas à une appréhension décente d’une réalité, une autre stratégie consiste à attribuer des vices de forme à son interlocuteur pour en discréditer le fond du discours. Par exemple, on a pu entendre et lire depuis le 12 janvier que les pétitionnaires “ne répondaient pas à leurs questions”, “qu’ils étaient hors sujet la plupart du temps”.
Pourtant, par exemple, lorsqu’on a entendu les députés prétendre que les pétitionnaires n’avaient à aucun moment répondu à la question de savoir ce qu’ils proposaient comme alternative, nombre d’auditeurs avaient bien entendu la mention de l’azithromycine, de l’ivermectine et de l’hydroxychloroquine (entre autres), par ailleurs reprise dans cet article RTL qui confirme donc bien que ces traitements ont été mentionnés. Pourtant encore, Madame Lenert ne semble pas l’avoir entendu ou jugé crédible (sans forme d’explication) et certains n’hésitaient pas à considérer comme un fait le reproche politicien sur l’absence de réponses de la part des pétitionnaires. Comment ne pas s’interroger sur ce niveau de connivence ? Remarquons par ailleurs, sans plus de commentaire, que RTL indique que c’est sur leur demande que le Ministère de la Santé aurait réagi.
C’est en constatant ce genre d’occurrence, largement relayée par des médias complices, que la citation (d’un inconnu) prend tout son sens : « Argumenter avec des imbéciles, c’est comme jouer aux échecs contre un pigeon. Peu importe votre niveau, le pigeon va juste renverser toutes les pièces, chier sur le plateau et se pavaner fièrement comme s’il avait gagné. »
C’est ce que de nombreux citoyens ont aujourd’hui la désagréable impression de constater dans notre paysage politico-médiatique qui s’entête, dans un combat d’arrière-garde malhonnête, à vouloir soumettre tout un chacun à la piqûre alors que suédois, danois, britanniques et espagnols, entre autres, engagent le retour à la normale.
Mais revenons à l’article RTL de “rectification de la vérité”.
Deux poids, deux mesures
Car il est un autre biais couramment à l’œuvre actuellement dans la classe “dominante”, qui consiste à en exiger davantage de son interlocuteur que de son propre camp.
Notons, à ce titre, que les pétitionnaires qui ont débattu le 12 janvier dernier se sont vus – fort légitimement – demander leurs sources scientifiques (semble-t-il fournies via un communiqué de presse de FAIR Beweegung). Ce qui est moins compréhensible, c’est qu’aucun fondement scientifique ne semble avoir été requis de quiconque auparavant ni même depuis (cf p.ex. le rapport du groupe d’experts publié le 14 janvier dernier), ce que le Conseil d’Etat a d’ailleurs commencé à remarquer dans son avis du 10 janvier 2022, qui cite les avis (dont il est argué ici qu’ils sont infondés scientifiquement) des uns et des autres tout en mettant le gouvernement devant ses propres contradictions.
On peut aisément constater en effet que ni les communiqués de presse du Collège Médical, ni ceux des différentes associations de médecins, ni même le rapport du comité d’experts ad-hoc ne comportent de référence scientifique pour étayer des dires qui relèvent même régulièrements d’affirmations approximatives (voir l’article Analyse critique de l’avis du groupe ad hoc d’experts […]).
A titre d’illustration d’affirmations approximatives, citons les communiqués mettant en parallèle le virus de la variole avec celui de la Covid 19 pour justifier une stratégie identique d’obligation généralisée, tel celui des Médecins Anesthésistes-Réanimateurs du 23 décembre dernier.
Lorsque le parallèle est fait entre ces deux virus, c’est généralement par rapport à leur niveau de contagiosité élevé, sans que pour autant ce point commun suffise à établir ni la pertinence scientifique, ni la proportionnalité d’une approche identique.
Rappelons, en effet, que la variole a sévi pendant plusieurs siècles avec des taux de létalité de l’ordre de 30% (c’est à dire que ce virus tuait un infecté sur trois et terrorisait vraisemblablement la totalité de la population) et a pu être éradiquée par la vaccination précisément car n’étant pas de nature à muter aisément et donc à contourner la protection d’un vaccin offrant une immunité stérilisante.
A contrario, le virus de la Covid 19 est un virus respiratoire saisonnier dont la létalité (IFR) est estimée entre 0,5 et 1% (soit de l’ordre de 60 fois moins). En termes de proportionalité, et compte tenu du fait que ses victimes sont connues, ce virus devrait inquiéter principalement les personnes avec des comorbidités (voir “Obligés, nous ?” pour des détails). Mais la Covid 19 est surtout un virus qui a la propriété de muter constamment et d’échapper au vaccin, comme les variants Delta et Omicron nous l’ont montré. Ainsi, un meilleur parallèle sur notre aptitude à éradiquer ce virus serait à faire avec le virus de la grippe (influenza)… que nous n’avons pas éradiqué.
“Quand dix personnes qui pensent la même chose se réunissent, elles ne pensent plus.”
Alain
C’est sur le constat de la pauvreté des arguments et l’absence effective de débat qu’il est permis de s’interroger sur la pensée conventionnelle qui semble avoir saisi notre paysage politico-médiatique, au point de ne pas même chercher à produire de rationnel scientifique solide.
Le gouvernement ne l’a par ailleurs pas démenti, Monsieur Bettel ayant déclaré devant la chambre le 19 janvier : “ce n’est pas possible de dire d’une part que l’obligation vaccinale doit être scientifiquement fondée et ensuite, au moment où on a un avis clair des experts, de dire qu’on ne le suit pas” (voir notre article Officiel: pas de fondement scientifique à l’obligation vaccinale). Ce qui vaut aveu de manque de fondement scientifique a priori.
Quand verra-t-on RTL et les autres médias nationaux se saisir de ces anomalies pour les dénoncer ? Il semble que nous devions attendre encore longtemps.
En attendant, pour revenir au débat public devant la Chambre des Députés, faisons simplement remarquer que la sortie de Monsieur Sven Clément, qui a qualifié de fake news l’affirmation selon laquelle le vaccin Pfizer était toujours en phase III, était elle-même une fake news et n’a fait l’objet d’aucune mention ni de nos médias, ni de nos politiciens.
Nous assistons donc bien à un parti pris médiatique.
Des liens d’intérêts
Sans chercher à analyser ici les racines d’un tel parti pris, on peut suspecter que le rôle des liens d’intérêts n’est pas forcément anodin dans l’exercice de fact checking.
Car pour appuyer son qualificatif d’intox, par exemple, RTL s’appuie sur une analyse de l’AFP, agence de presse française présumée impartiale pour la circonstance, et qui dispose par ailleurs d’une filiale de vérification de faits : Factstory. Or, même si Factstory ne semble pas avoir été impliquée dans l’élaboration de la dépêche AFP, Expressis-Verbis, dans son article “Les fact checkers (pas si) indépendants que ça”, nous fait remarquer certains termes de la charte de cette filiale :
FACTSTORY may work for pharmaceutical and medical research companies, but shall not be involved in producing content that promotes false or unverified claims about health issues.
FACTSTORY should not work for organizations or individuals that promote alternatives to vaccines or that contradict medical science.
En d’autres termes, cette filiale AFP déclare un biais assumé qui l’empêche a priori d’envisager une alternative aux vaccins, quand bien même elle serait scientifiquement fondée, et qui, par sa formulation, met ce genre d’alternative dans la même catégorie que la pseudo-science. Chacun appréciera.
Pour autant, une telle transparence nous permet de savoir à quoi nous attendre et de comprendre les “informations” qui sont portées à notre connaissance. Malgré les biais qu’elle révèle, elle est donc plutôt bienvenue et permet de mettre en lumière les manques de notre microcosme pro-vaccinal national.
Il est en effet frappant de voir à quel point les différents acteurs s’exonèrent de faire précisément la transparence sur leurs liens d’intérêts (ou leur absence éventuelle) avec l’industrie. Au vu de la qualité de certains communiqués ou rapports, on pourrait craindre qu’une telle liste de liens d’intérêts serait plus longue que les communiqués eux-mêmes. Au vu de certaines saillies, on craindrait même de savoir prédire à moyen terme la bonne nouvelle de l’installation de telle unité de tel laboratoire dans notre beau pays – totalement par hasard.
Fact-checker les fact-checkers
Pour conclure, nous déplorons encore que le discours sanitaire ait atteint une telle homogénéité dans notre pays qu’il en devient malsain, alors que les méthodes employées pour le promouvoir ne relèvent pas de l’information impartiale et désintéressée comme illustré ici.
Les biais des acteurs pro-vaccin ayant ici été mis en lumière, et leurs liens d’intérêts étant tout sauf clairs, il nous paraît donc opportun de passer en revue dans ces colonnes différents points repris dans l’article de RTL pour permettre à chacun de disposer d’une vue plus large et de décider quel niveau de confiance on peut accorder à qui.
C’est ce que nous comptons vous proposer ces prochains jours.
VC