Un comité ad-hoc sous influence

Lorsqu’on souhaite légitimer une décision, quoi de mieux que de faire appel à un cabinet de conseil ou à un comité externe ? C’est ce qu’a fait le gouvernement, qui a décidé le 7 janvier dernier de nommer un comité ad-hoc. Or s’il existe plusieurs moyens plus ou moins subtils pour influencer les conclusions d’un tel comité, le gouvernement, lui, ne s’est pas embarrassé de subtilités.

Fournir un avis scientifique sur les raisons médicales impérieuses plaidant en faveur de l’instauration d’une obligation vaccinale contre le coronavirus SARS-CoV-2 “COVID-19”, en tenant compte de l’évolution de la pandémie sur arrière-fond de propagation du variant Omicron“, telle est la mission de ce groupe d’experts telle que rapportée dans le compte-rendu du conseil de gouvernement.

Comme nous le faisions remarquer précédemment, cet intitulé est tout d’abord un aveu d’absence de fondement scientifique sur l’obligation vaccinale. Mais lorsqu’une mission est confiée à une personne ou un groupe de personnes, la science de la psychologie nous enseigne que les conditions d’en influer directement sur le résultat sont facilement réunies.

Or, en l’espèce, le gouvernement ne s’est même pas encombré de subtilité puisque l’intitulé de la mission de ce groupe d’experts ad hoc ne laissait aucun doute sur la conclusion à laquelle il était censé parvenir.

L’intitulé de la mission tel que rapporté ne pouvait en effet pas admettre l’absence de raisons médicales impérieuses. Il ne pouvait pas non plus admettre que la réponse réside dans des traitements alternatifs à la vaccination.

Ceci constitue une série de biais, forçant les experts à réfléchir uniquement dans le sens souhaité. Le groupe d’experts n’a donc pas été invité à réfléchir sur l’obligation vaccinale. Il a été insidieusement incité à trouver des raisons valables à l’obligation vaccinale que leur mandant veut unilatéralement mettre en place.

« Si le seul outil que vous avez est un marteau, vous tendez à voir tout problème comme un clou »

Abraham Maslow (The Psychology of Science,  1966)

Et parlons justement de ce mandant, qui n’est autre que le Premier Ministre lui-même, c’est-à-dire l’autorité première du pays. Ce fait induit un autre biais, puissant, celui que l’on peut appeler “du bon citoyen” et qui se résumerait ainsi : “si le Premier Ministre me donne un ordre, je me dois de lui obéir, après tout je ne veux pas tomber en déshonneur et perdre mes privilèges dans ma relation avec lui”.

En somme, les experts n’avaient pas le choix, et le contenu de leur avis final était écrit d’avance.

C’est un peu, pour caricaturer, comme si Elon Musk demandait à des experts de Tesla quelles sont les conditions hivernales extrêmes qui indiquent l’usage du marteau pour dégivrer son pare-brise.

Ainsi, les conclusions de ce comité s’en trouvaient fragilisées avant même le début des travaux du groupe d’experts, car l’on pouvait directement anticiper qu’il conclue à des critères d’obligation vaccinale ciblée.

La mise en place de ce groupe de travail est survenue à un moment où de plus en plus de voix du monde scientifique s’expriment pour relâcher les mesures face à Omicron.

La Ministre de la Santé espagnole s’est déclarée ouvertement favorable à un changement de stratégie et une surveillance du virus normalisée, en ligne avec ce qui est pratiqué pour la grippe notamment.

Nous n’avons vu aucun média national se faire l’echo de ces voix dissonantes du narratif national. Pourquoi ?

The Guardian rapporte également que le Dr Clive Dix, ancien directeur de la task force vaccinale en Grande-Bretagne, plaide pour qu’on mette un terme à la vaccination de masse et que l’on commence à vivre avec la Covid.

Le Pr Christian Drosten, éminent virologue et directeur de l’institut de virologie à l’hôpital de la Charité de Berlin, considère qu’Omicron est “le virus endémique parfait“, c’est à dire celui capable de coexister avec l’humain. Malgré des données rassurantes sur la sévérité d’Omicron, il recommande cependant de vacciner les individus les plus fragiles.

Or nous n’avons vu aucun média mainstream national se faire l’echo de ces voix dissonantes du narratif national, quand ce n’est pas pour dire qu’elles émanent d'”experts controversés“. Pourquoi ?

Un gouvernement fragilisé, des députés hors sol

A moins qu’il soit motivé par des sondages défavorables (et non publics) sur le sujet, la nomination de ce comité ad-hoc, avec un tel ordre de mission, peut laisser penser que, quoi qu’il puisse transparaître en public, l’obligation vaccinale généralisée ne fait pas l’unanimité dans les rangs-mêmes de la majorité. Rappelons que c’était jusque là la ligne directrice du Premier Ministre qui n’a manqué aucune occasion de culpabiliser les non-vaccinés, ce dont la politique de discrimination actuellement en place est la traduction.

Monsieur Bettel semble donc pris en étau entre son besoin politique d’aboutir sur le sujet, et une actualité qui dément, jour après jour, la pertinence d’une obligation vaccinale.

Celui-ci peut compter sur des députés dont l’attitude hautaine lors du débat public du 12 janvier dernier n’a fait que mettre en lumière une totale ignorance du sujet, masquée derrière le recours à un prétendu “consensus scientifique” que l’actualité encore ne finit pas de contredire.

On attend mieux de ce gouvernement, des acteurs politiques et médiatiques.

NK